Le rôle des chercheurs dans la pédagogie numérique
Le domaine pédagogique est l’un des principaux volets de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA).
Pour Hélène Sauzéon et Didier Roy, chercheurs et membres de l’équipe Flowers à l’Inria Bordeaux – Sud-Ouest (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), la recherche permet d’améliorer l’apprentissage des élèves en leur présentant des contenus pédagogiques adaptés.
Pour cela, des algorithmes sont utilisés afin de suivre les avancées de chaque élève en fonction de leur rythme et de leurs besoins spécifiques. Ces algorithmes de personnalisation sont destinés à tous les élèves, quel que soit leur niveau, y compris au sein de l’éducation spécialisée, pour les enfants atteints d’autisme par exemple, ou encore dans l’éducation thérapeutique, pour des enfants qui ont des problèmes de santé chroniques.
Avec des outils adaptés, le numérique permet d’utiliser plus facilement la pédagogie différenciée : en créant des groupes d’élèves en fonction de leur niveau ou de leurs besoins, tous peuvent travailler en même temps sur des exercices différents.
Pour les chercheurs, la personnalisation cognitive est essentielle pour accompagner au mieux l’éducation des enfants. Plusieurs algorithmes différents peuvent être utilisés conjointement pour affiner les résultats et proposer les solutions les plus adaptées à chaque élève.
Pour cela, la pluridisciplinarité est primordiale. La recherche en pédagogie numérique mêle donc des équipes de recherche en intelligence artificielle, en sciences humaines et sociales, ou encore les sciences du vivant, comme la neuroscience.
Mais comme le soulignent Hélène Sauzéon et Didier Roy : « notre souci, c’est d’éviter de créer des technologies complètement hors-sol : il faut correspondre aux besoins des enseignants, des élèves », ce qui nécessite un dialogue constant avec le terrain.
La recherche s’intéresse aussi à de nouvelles approches, comme l’apprentissage basé sur la curiosité. Ce volet se penche sur l’intérêt d’une forme d’apprentissage motivée par la « motivation intrinsèque » de l’élève. Il s’agit de l’envie de l’enfant d’apprendre sur un sujet qui lui est propre, qui l’intéresse personnellement, sans être soumis à une influence de l’école ou des parents.
Dans le livre blanc, « Éducation et Numérique : enjeux et défis », fruit d’un travail démarré en 2019, l’INRIA dresse un état des lieux de l’impact du numérique comme vecteur de transformation éducative. L’institut apporte sa contribution sous forme de propositions répondant aux problématiques soulevées.
Parmi les principales recommandations, on compte :
- la nécessité de développer des projets de recherche des sciences du numérique au service de la réussite scolaire,
- celle de développer des méthodologies rigoureuses pour l’évaluation du numérique éducatif,
- passer à l’échelle dans la formation des enseignants,
- aller vers une « université citoyenne et populaire du numérique » apte à assurer la formation pour tous et pour toutes au numérique,
- garantir la portabilité des données personnelles éducatives.
L’INRIA crée aussi des MOOC (cours à distance) à destination des enseignants, pour les accompagner dans la formation au numérique par le numérique. Ces MOOC réunissent jusqu’à 30.000 participants. L’INRIA s’appuie sur neuf centres nationaux pour irriguer les académies de projets de médiation scientifique, pour faire ruisseler les enjeux scientifiques dans la pédagogie numérique.
Si l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique n’est pas intégré directement dans le plan des Territoires numériques éducatifs (TNE), celui-ci représente une aubaine pour les chercheurs en pédagogie numérique.
En effet, ce déploiement à grande échelle du numérique dans les établissements scolaires des départements concernés permet de lancer de nombreuses collaborations entre acteurs de l’écosystème. Les sources d’information se multiplient, ce qui facilite le travail de recherche.
Pour les chercheurs, il s’agit d’exposer les enjeux autour du numérique, qu’ils soient environnementaux, technologiques, ou encore philosophiques. Selon l’INRIA, près de 80 % des Français estiment qu’il est prioritaire de mieux comprendre les enjeux du numérique, dont son volet éducatif.
Ils travaillent donc autour des données, de l’intelligence artificielle et des usages des enseignants pour identifier les indicateurs qui vont aider Canopé à mieux identifier ses missions, la DNE a mieux élaborer ses outils, ou encore la Trousse à projets sur les meilleurs moyens d’impliquer les parents dans ce processus. Les TNE sont un terrain idéal pour mettre en place cette collaboration et cette co-construction.